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Se libérer du superflu : vers le minimalisme

Depuis ma dernière publication ici, nous avons déménagé. J’ai partagé mes étapes clefs sur Instagram. Cependant, le blog me paraît plus adapté pour mettre des mots sur mes réflexions à propos de mes possessions.

 

1. Revenir à l'essentiel...

Pour rester chronologique, je devrais d’abord parler du livre de Marie Kondo (2015) sur La magie du rangement. Ce célèbre sujet peut paraître dérisoire ou déjà vu, mais son traitement dans ce livre n’en a pas été moins bouleversant pour moi. Cette première « rencontre » m’a fait ouvrir les yeux sur la quantité d’objets que nous conserv(i)ons, et sur les freins qui nous empêchent de nous en débarrasser. Pour bien ranger, il faut se débarrasser du superflu. Il s'agit finalement de revenir à l'essentiel.

Quel non sens d'accumuler des choses qui ne nous servent parfois si peu, pour une raison aussi banale que celle de l'habitude. Voilà l’état d’esprit dans lequel j’étais lorsque je me suis mise à faire le tri dans nos affaires, quelques semaines avant la mise en carton. Je n'ai jamais été une accumulatrice compulsive. J’ai même souvent eu tendance à me séparer des objets dont je me servais peu et qui me prenaient de l’espace. Cette tendance s’est consolidée au cours de ma vie étudiante car le moindre cm² comptait. Mais au-delà de ce besoin de place et finalement de ce pragmatisme, qu'en est-il de tous ces objets ?

Prenons le cas des livres, car c'est une catégorie qui me touche particulièrement. La plupart ont déjà été lu, vais-je les relire ? Sinon pourquoi les garder ? Si je peux les conseiller et en parler, c'est qu'ils font désormais parti de moi et dans ce cas, pourquoi conserver leur version papier ? Ai-je vraiment encore besoin de ces ouvrages ? C'est peut-être un peu trop radical de se séparer de 90 % de sa bibliothèque et pourtant, comme le dit Marie Kondo, on retient beaucoup mieux les idées si on sait qu'on ne gardera aucune version papier. Pour ce qui est des livres non lu, on peut rapidement les trier entre ceux qu'on ne lira jamais et ceux qu'il nous importe de garder. Je parle ici des livres, mais ces questions s'appliquent en vérité à tous les objets de la maison.

Ma vision de la collection s'est ainsi profondément transformée. Est-ce que je conserve cet objet pour moi, pour ce qu'il m'apporte ou pour ce qu'il montre de moi ? C'est cette nuance qui fait toute la différence. Cette expérience du tri qui peut sembler un peu triviale et plutôt matérialiste nous amène à une sorte d'introspection. Je crois que pour la première fois, je m'autorise à me demander si oui ou non les objets qui m'entourent me correspondent. Et prendre la décision de s'en séparer devient ainsi libérateur. C'est sans aucun doute pour cette raison que ce livre a eue tant de succès.

2. Étrange insatisfaction constante

Et puis, j’ai fait une seconde « rencontre » celle du documentaire de Matt D’Avella (de 2016) Minimalism : A Documentary About The Important Things. Il s’agit d’une remise en cause du « rêve américain » mais qui s’applique de manière générale à notre rapport à la consommation de biens matériels. Si ce documentaire a fait également écho en moi, c'est parce qu'il est arrivé à point nommé. Alors que nous nous sommes installés dans notre nouvel appartement où nous avons plus de places, la liste de meubles à nous procurer s’allonge. Nous sommes tellement pressés de nous retrouver dans notre petit confort idéal que nous sommes presque prêts à passer outre nos principes pour assouvir cette soif de nouveauté. Pourquoi, pour qui, pour montrer quoi ?

Parmi les thèmes abordés dans ce documentaire, celui de la dépendance à la consommation m'a particulièrement intéressé. J'ai enfin pu mettre des mots sur une expérience que j'avais moi-même vécue : l'étrange insatisfaction constante. Ce sentiment assez spécial qui nous pousse à obtenir quelque chose de nouveau sans pour autant qu’on ne soit jamais satisfait, repus. Comme si ce n'était jamais terminé, jamais assez. A nouveau, je retrouve le lien avec la symbolique : l'importance que l’on donne à nos objets. Qu’est ce qu’on essaie de montrer à travers eux ? De quoi se cache-t-on derrière cette quantité qu’on ne saurait détailler ? N'est-ce pas grave ? Grave est sans doute un mot trop fort. Ce passage que j'adore à 26min52 le représente plutôt efficacement :

«... Quelle machine à expresso me définit en tant qu’homme ?

Le fait que je me pose ces questions m’empêche-t-il d’être un vrai homme ?»

Notre bonheur dépend-il vraiment du dernier catalogue Ikéa ? Bien sûr que non. Sauf que c’est terriblement efficace. C’est tellement plus facile de se rendre dans un magasin, de refaire sa décoration ou sa salle de bain, plutôt que de se poser des questions sur nos choix et sur nos raisons.

3. Ralentir

Finalement, le point commun entre le tri et le rapport à la consommation réside dans cette recherche de la "bonne" vie. Remettre en question nos habitudes est le premier pas pour trouver comment vivre notre vie sans regret et en "pleine conscience". C'est-à-dire savoir exactement pourquoi on fait ce qu'on fait. (C'est également accepter qu'on ne correspond pas à ce qu'on croyait.) Et cette profonde introspection démarre par l'analyse de notre environnement matériel et par sa remise en cause : pourquoi on a autant ?

Cela peut sembler étrange que je remette en question cette facilité avec laquelle on peut trouver tout ce dont on a besoin. Ce sont des solutions rapides (comme acheter sur internet un livre qui nous sera livré le lendemain chez nous) qui nous donnent une satisfaction immédiate. Elles ne favorisent pas la réflexion, la préparation, l'attente, ni l'inattendu, alors que cela participe au plaisir d'acquisition de quelque chose de nouveau (qui a pris du temps à être fabriqué, qui a nécessité du travail et des ressources et dont on se servira avec plaisir et respect).

Prendre son temps, prendre plaisir dans cette phase de préparation, accepter inattendu et les rencontres que cela peut engendrer. Cela me fait penser à deux BDs qui traitent de ce sujet et qui sont finalement assez complémentaires. La première, Ralentir d'Alexis Horellou et Delphine Le Lay a été publiée en 2017. A travers la rencontre de deux personnages aux vies diamétralement opposées, les auteurs nous invitent à nous questionner sur le sens de la vie. La seconde, Le jour où le bus est reparti sans elle de Beka Marko Cosson, l'histoire d'une jeune femme qui trouve son chemin vers le bonheur par des détours qu'elle n'imaginait pas. Pour moi ces deux BDs illustrent parfaitement cette "nécessité" de simplicité matérielle. Quand on a peu, on fait plus attention à ce que l’on a et à ce qui compte vraiment : ceux avec qui on partage cette vie. Je crois que cet aspect des choses ne m'a jamais semblé aussi important.

 

Peut-être êtes-vous déçu de ne pas avoir trouvé ici la recette miracle pour savoir par où commencer. Je ne peux que vous inviter à consulter les différents liens partagés.

Pour se débarrasser du superflu, il me semble important de commencer par son état d'esprit. Il n'y a aucune recette miracle, chaque personne est différente. D'ailleurs, on ne parvient pas à se séparer de 90 % de ses affaires en une seule fois, c'est une progression dans le temps. On a besoin de peu c'est un fait, en revanche vous seul savez à quoi correspond ce "peu".

Ce qui compte pour moi ce n'est pas d'arriver au minimalisme, mais de prendre le temps de me détacher des objets que je conserve sans savoir pourquoi, ou en ne le sachant que trop bien...

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