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Se meubler durable : des matelas zéro déchet ?

Se meubler durable : investir dans des démarches éco-responsables 2.

Il y a encore quelques années, je ne me doutais même pas de l'étendu de l'offre dans la literie. C'est un sujet qui semble prosaïque mais il existe une véritable problématique autour de ça et son étude a toute sa place sur ce blog.

Dans cette optique de réduire ma consommation, d'atteindre une forme de minimalisme, je porte beaucoup d'importance au cycle de vie des objets (du berceau à la tombe) lorsqu'il s'agit de faire des achats. L'objectif idéal est d'atteindre une forme de circularité (finalement un cycle du berceau au berceau : un concept développé en 2002 dans le livre de Michael Braungart et William McDonough : Cradle to cradle).

Quand les meubles de secondes mains sont trop difficiles à dénicher, nous nous tournons vers du neuf, des matériaux plus durables, des entreprises engagées dans des démarches de recyclage, récupération de matières, de gestion intelligente des ressources. Quitte à devoir faire des dépenses, autant soutenir des valeurs qui nous ressemblent.

Les recherches que cela implique sont assez conséquentes et ça reste fastidieux de le faire pour chaque nouvelle acquisition, je le concède volontiers.

D'où l'intérêt d'article comme celui-ci.

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Literie standard en mousse polyuréthane

Comme l'heure est venue pour moi d'investir dans un "bon matelas", j'ai tenu à faire des recherches afin d'acheter en connaissance de cause et c'est ce que je partage ici. Voici les deux raisons qui me poussent à refuser la literie standard en mousse plastique :

1. Les matériaux utilisés : dérivés du pétrole

Ce sont des mousses polyuréthane qui sont employées dans la confection de ces matelas la plupart du temps. Alors oui, c'est ce qui donne l'agréable moelleux. Mais ça reste une chimie du pétrole. Ces pages (voir mots soulignés) rassemblent des éléments de réponses sur ces substances.

Cette vidéo présente l'optimisation du processus de fabrication des matelas standards (avec couches de mousses et ressorts ensachés) à l'échelle industrielle. On le voit, les processus sont bien rodés pour que ce soit économiquement rentable de produire de la mousse plastique et d'en faire des matelas à grande échelles, l'impact environnemental n'en est pas forcément bon pour autant.

D'ailleurs, il existe depuis 2011 des indicateurs/baromètres qui classifient les matelas en fonction du gaz à effet de serre, de la consommation d'eau ou de la pollution de l'air dans la fabrication. Je ne sais pas s'ils sont visibles systématiquement sur les matelas en magasins. Je ne connais pas non plus les organismes qui fixent les critères de vérifications et établissent les notations. Si certains ont plus de sources, je suis preneuse !

2. Au bout de 10 ans, le matelas s'affaisse.

C'est inhérent au matériaux, on ne peut pas "vraiment" le reprocher. Ce qui pose question par contre c'est cette incitation au remplacement systématique au bout de 10 ans. C'est en effet la durée "moyenne" des garanties. Les arguments avancés sont généralement liés :

- à la santé des consommateurs,

- à l'hygiène,

- au confort,

(- mais jamais liés aux raisons commerciales qui poussent les entreprises à vendre).

3. Ce type de matelas représente un déchet à moyen terme.

On ne refait pas un matelas à base de mousses plastique avec les mêmes mousses, celles-ci sont éventuellement transformées en isolant mais elles deviennent quand même un déchet sur le moyen terme. En dehors de cette application (l'isolation), il y a finalement peu voir pas d'autres utilisations de cette mousse recyclée (= saturation). On préfère donc brûler le matelas pour obtenir de l'énergie... Voir cette étude de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie Changement climatique - transition écologique, énergétique) sur le sujet :

Extrait (page 3) de la synthèse de l'étude de la VALMOPAL

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Alternatives bio-sourcée ?

La question reste la même : si je refuse de mettre un seul centime dans un matelas à base de mousses polyuréthane, quelles options reste-t-il ? Il existe d'autres alternatives plus "naturelles"(sans plastique, moindre traitement chimique et le plus biodégradable possible) :

Des matelas bio-sourcés à base de latex naturel, de coton bio, de chanvres (parfois même des trois en même temps, avec des labels certifiant la gestion durable de ces ressources) sont proposés sur le marché. Ça me semble intéressant comme alternative mais les garanties oscillent elles aussi entre 2 et 10 ans en fonction des marques. De plus, l'entretien ou la réfection du matelas ne semblent jamais entrer en ligne de compte.

Quelle différence fait ce matelas par rapport à une version standard ? Il est bio sourcé mais il n'est pas plus recyclé que son "homologue" pétrochimique (ou bien les applications du recyclés sont saturées). Il est donc incinéré en fin de vie. Ce qui est certain en revanche, c'est qu'il est plus cher (entre 750 et 1000€) que le meilleur modèle chez Ikéa (550€). Payer 1000€ pour qu'il finisse quand même incinéré malgré tout (ou en tatamis de judo mais rien n'est moins sûr car ces derniers sont plutôt fait en mousse :/), c'est un peu fort de café.

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Le futon

Le futon en bambou, en coton ou en latex a aussi cet avantage d'être complètement végétal et pas forcément hors de prix mais :

- Épaisseur max 19 cm (quoique déjà pas trop mal)

- Souvent importé (il doit exister des labels made in France cela-dit mais il faut bien creuser).

Outre le fait que le coton soit un gros consommateur d'eau et que le bambou nécessite des traitements assez lourds pour la transformation (soude, souffre etc.), ce sont des matériaux végétaux, ce qui est un beau plus.

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Le matelas en laine

D'aucun diront que je suis vieux-jeu, mais il semble pertinent de parler du matelas en laine (autre lien ici). Après avoir étudié le sujet, c'est la solution qui semble être la plus écologique et la plus zéro déchet possible. Voir ici, ici et ici

Composition ?

- Une toile en tissus (généralement en coton, mais on peut aussi opter pour du lin moins consommateur d'eau et autre),

- Environ 22 kg de laine (une moyenne pour un 140/190)

- Du fil pour faire tenir le tout.

Un mouton/brebis/bélier donne à peu près 3.25 kg de laine dont on ne garde que 50% (le reste est trop plein d’impuretés). Il en faut ainsi une belle tripoté (environs une 40n) pour faire un matelas de cette taille.

Une option pas "vegan" ?

L'animal ne meure pas durant la tonte et il donne plusieurs kilos de laine chaque année.

Est-il bien traité ? On ne peux pas en être certain à 100%, c'est sûre. J'ai l'espoir que ce soit le cas et que l'entreprise que j'ai choisi se fournisse chez un producteur soucieux du bien-être animal, mais effectivement cela reste un sujet épineux, à moins d'aller rencontrer soi-même le fournisseur de laine...

Je comprendrai totalement ceux qui préfèrent se détourner de cette solution pour cette raison. De mon côté, je ne suis pas complètement opposée à l'élevage raisonné et d'autres aspects ont eu plus de poids et ont fait peser la balance pour cette option :

Entretient et recyclage ?

Par rapport à toutes ces autres alternatives, un matelas de ce type a un impact environnemental bien moindre parce que sa durée de vie est beaucoup plus longue !

D'abord, cette laine est complètement biodégradable et elle n'est pas traitée (voir ici les critiques contre ces traitements anti-acarien, anti-fongique etc.). Si je veux en faire du paillage pour mon jardin, la mettre dans mon compost ou rembourrer mes bottes, je peux le faire sans crainte en déchirant le tissus qui entoure la laine. C'est simple comme bonjour.

Ensuite, avant même de penser à la recycler, elle peut être conservée jusqu'à 60 ans et bien au-delà si le matelas est bien entretenu (aération régulière, bonne condition de stockage, tourné régulièrement etc.).

Enfin, si au bout de 10 ans le matelas commence à s'affaisser (normal puisque la laine se tasse à l'endroit où l'on dort), il suffit de le renvoyer à l'atelier pour lui redonner une seconde jeunesse. Cette même laine passe dans une machine qui "l'aère" (elle l'ouvre en gros), ce qui lui redonne du ressort. Elle est à nouveau étalée sur la toile (une nouvelle toile) et le matelas renaît dans la forme qu'on lui connait.

C'est le plus gros des avantages selon moi. Ce matelas est presque zéro déchet !

Évidemment, ce n'est peut-être pas la solution parfaite. Si on s'est peu à peu détourné de ces modèles, ce n'est sans doute pas pour rien. (Déjà, il était moins rentable de payer quelqu'un à faire un travail manuel fastidieux qu'une machine qui peut produire des centaines d'exemplaires identiques dans un monde dominé par la pétrochimie, c'est notre histoire industrielle depuis les années 60).

Inconvénients ?

1. Ces matelas sont réputés pour tenir chaud, ce qui peut être un inconvénient pour ceux qui transpirent beaucoup la nuit. De cet argument, j'ai envie de poser ces deux questions :

- Quelle est la température de la chambre ?

- Quels types de textiles sont utilisés pour les draps et pour le pyjama ?

Pour nous, le matelas en laine n'est pas vraiment plus chaud qu'un autre et j'ai au contraire la sensation que la température est très bien régulée (voir également cette petite page qui l'explique bien). A voir en été, pour une expérience totale mais nous n'avons aucune crainte.

2. Le plus grand contre-argument avancé reste bien souvent celui de l’allergie, la laine favorisant le développement des acariens.

Ne voit-on pas aujourd'hui le développement grandissant des allergies alors même que ce types de matelas ne court pas les foyers ?

D'ailleurs, les traitements anti-acariens/anti-fongiques qui sont ++ chimiques, ne sont clairement pas écologiques, soyons clair la-dessus et ils sont même incriminés pour laisser échapper des vapeurs toxiques pour l'organisme... Cette page explique en quoi la laine ne favorise pas plus l'allergie qu'une matière synthétique.

Sur ce sujet, j'ai tendance à croire ma propre expérience : Etant moi-même allergique aux poussières des textiles (les acariens donc), et mon conjoint aux poils de chats, on nous avait conseillé de n'utiliser que des couettes et des matelas traités spécifiquement. Mes allergies revenaient dès lors que les tissus étaient restés enfermés (ou non aérés) pendant plusieurs jours. Arrivés dans notre chez nous, nous avons souhaité faire le test avec la couette et les oreillers en plumes de ma maman, qu'on nous avait si souvent déconseillés (je sais que c'est assez horrible d'utiliser des plumes, mais c'est de la récup, ça me tranquillise un peu...). Et même si c'est triste à dire, mon Dieu, quel bonheur !

De 1. Pas une seule allergie (mais aucun de nous n'est asthmatique, donc pas de graves problèmes de ce côté là!),

De 2. Une aération et une régulation thermique absolument parfaite,

De 3. Un confort inégalé.

Nous les avons adoptés à jamais ! Et cette belle découverte nous a également conforté dans cette idée de nous entourer de matières plus naturelles. Evidemment, l'entretien et l'aération ne se font pas tout seul et ils sont à mon sens les garants de la longévité de ces couettes, oreillers et matelas. Et si je ne compte pas en changer tous les dix ans, un soin tout particulier est évidemment de mise.

3. Pour ce qui est de la réfection du matelas, est-on certain que l'entreprise existera toujours dans 10-20-30-60 ans ? Et si non, comment et où l'entretenir ?

Je continue à penser que l'industrie de la literie tient à maintenir ces chiffres de ventes. Elle a pour le moment plus d'intérêt à ce qu'on ne se tourne pas vers ce genre de modèles durables (d'où tous ces contre-arguments contre ces matelas réputés "de vieux") plutôt que de revoir son modèle de A à Z.

Mais c'est là que nous, consommateurs, avons le choix de voter (véritablement) pour des démarches éco-responsables et durables.. Soutenir les entreprises de matelas de laine, c'est dire non aux autres, à cette pétrochimie et à ce délire du jetable. Ces petites entreprises qui résistent face à cette énorme concurrence doivent être, à mon sens, davantage soutenues... C'est donc peut-être de la naïveté, mais j'ai l'espoir que la petite entreprise que j'ai choisi existera encore dans 60 ans, ou qu'une autre sera encore là pour faire le job... L'avenir nous le dira...

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En sommes

L'argument commercial en faveur de ces matelas en laine reste souvent le savoir-faire d'antan, alors qu'il y a aussi tellement à valoriser sur le plan écologique :

- les matériaux sont naturels, locaux souvent et biodégradables

- il n'y a pas ou peu de traitement chimiques,

- le savoir-faire est effectivement régional : on soutient surtout une entreprise locale ! Le bilan carbone est imbattable si on se fournit au plus près de chez soi !

Et puis enfin, parce que ça compte : qu'est ce que c'est beau un matelas en laine (Beau, Utile et Durable #BUD!) et puis, quel confort ! La laine n'a rien à envier aux matelas mémoire de forme (Et je parle en testeuse avertie !)

Ici, des adresses intéressantes pour trouver son matelas en laine, près de chez soi !

Pour toutes ces raisons, nous nous sommes tournés vers cette solution. Et vous quelle est la vôtre ?

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